Goa 1970 - Bien avant que les premières raves ne commencent

Il n'y avait aucune hâte à rejoindre le cercle. Les tambours, les cigarettes, les chants duraient toute la nuit. Ce qui importait, c'était que quelqu'un joue du tambour à tout moment. Si nous devions déplacer la lune le long de son orbite et faire monter le soleil, il fallait que quelqu'un tambourine à tout moment. Mais ça n'a pas besoin d'être moi à un moment particulier. Je n'avais pas un moment particulier où j'avais besoin d'être là. Je savais juste que je devais être là.

La nuit a commencé avec de l'acide, comme souvent. Ce soir était un peu spécial, cependant. C'était la pleine lune, la dernière pleine lune de 1970. Et nous remplirions notre obligation, telle que nous la comprenions, de voir la lune traverser le ciel pour s'enfoncer dans la mer d'Oman et le soleil se lever derrière nous sur les palmiers. Personne n'en a parlé en ces termes, cependant. Tout le monde savait que c'était la pleine lune et c'est ce que vous faites et si vous ne le faites pas - si c'est vous qui merdez après tout ce temps, eh bien - eh bien vous ne voulez pas vraiment y penser, est-ce que tu? Vous ne voulez pas vraiment contempler l'énormité de la merde si vous ne parvenez pas à lever le soleil, n'est-ce pas ?

Alors j'ai laissé tomber l'acide et je me suis assis les jambes croisées sur le sol, et j'ai attendu. Je savais que je n'avais pas besoin de faire de plans. L'acide s'en occuperait. J'avais juste besoin d'arriver au cercle à un moment donné et de jouer de la batterie. Mon tabla était dans un sac indien brodé avec une bandoulière et je l'emportais partout avec moi. Il y avait peu de chances que je le perde ou que je l'oublie, mais c'était possible. Je l'ai donné à une amie qui ne trébuchait pas et je lui ai demandé de le garder pour moi près du feu. C'était probablement une bonne chose à faire. Quand je suis arrivé au cercle quelques heures plus tard, encore mouillé de mon immersion dans la mer, le tambour m'attendait. Je me suis assis, j'ai accepté une pipe de haschich, je me suis incliné devant le dieu qui était en moi et j'ai commencé à jouer du tambour.

A partir de ce moment, mes doigts ne quittaient plus le tambour, sauf pour accepter l'un des tuyaux qui entouraient le feu, le toucher contre mon front, crier une invocation rapide au dieu Shiva, aspirer la fumée profondément dans mon être, et le transmettre. J'ai joué mon rythme, le rythme qui m'est venu aux doigts quand j'ai acheté le tambour pour la première fois et qui est revenu dans mes doigts, peu importe ce que je voulais faire d'autre. À un moment donné, j'ai compris que c'était mon rythme sur ce tambour et je l'ai juste suivi. J'ai joué mon rythme pour le reste de la nuit. Je tambourinais alors que la lune se déplaçait le long de son arc. J'ai tambouriné alors qu'il disparaissait derrière moi au moment même où le soleil se levait.

Et puis, sans rien dire, pas un mot échangé, tout le monde s'est levé du sable, s'est brossé et, avec un signe de tête ou deux, ici et là, est parti dormir.

© Article de blog invité par Marc Zeitschik

Marc Zeitschik

Traduction en allemand :

Il n'y avait aucune urgence à rejoindre le cercle. Les tambours, les cigarettes et les chants ont continué toute la nuit. Il était important que quelqu'un joue toujours du tambour. Si nous voulions déplacer la lune sur son orbite et faire ressortir le soleil, il fallait toujours quelqu'un pour tambouriner. Mais je n'ai pas besoin d'être là à une certaine heure. Je n'avais pas d'heure précise à laquelle j'avais besoin d'être là. Je savais juste que je devais être là.

Comme souvent, la nuit a commencé avec du LSD. Cependant, ce soir était quelque chose de spécial. C'était la pleine lune, la dernière pleine lune en 1970. Et nous remplirions notre obligation car nous savions comment déplacer la lune dans le ciel se couchant dans la mer d'Oman et le soleil derrière nous se levant au-dessus des palmiers. Mais personne n'en a parlé dans ce sens. Tout le monde savait que c'était la pleine lune et c'est ce que vous faites et si vous ne le faites pas - si c'est vous qui merdez après tout ce temps, vous ne voulez pas vraiment y penser, n'est-ce pas ? Vous ne voulez pas vraiment penser à l'énormité de l'échec quand vous ne pouvez pas faire lever le soleil, n'est-ce pas ?

Alors j'ai jeté du LSD, je me suis assis par terre en tailleur et j'ai attendu. Je savais que je n'avais pas à faire de plans. Le LSD ferait le reste. Je devais juste finir par venir dans le cercle et commencer à jouer du tambour. Mon tabla était dans un certain sac indien à bandoulière que je transportais partout. Il y avait peu de chances que je la perde ou que je l'oublie, mais c'était possible. Je l'ai donné à une amie qui ne trébuche pas et je lui ai demandé de le garder près du feu pour moi. C'était probablement une bonne décision. Quand je suis arrivé au cercle quelques heures plus tard, encore trempé de mon immersion dans la mer, le tambour m'attendait déjà. Je me suis assis, j'ai pris une pipe pleine de haschich, je me suis incliné devant le dieu qui était en moi et j'ai commencé à jouer du tambour.

À partir de ce moment, mes doigts n'ont jamais quitté le tambour, sauf pour fumer l'une des pipes entourant le feu, la tenir contre mon front, prononcer une rapide incantation au dieu Shiva, la fumée basse à inhaler dans mon cœur et le transmettre. J'ai joué mon rythme, le rythme que j'ai ressenti dans mon doigt lorsque j'ai acheté le tambour pour la première fois et il a déplacé mes doigts, peu importe ce que je voulais faire d'autre. Finalement, j'ai compris que c'était mon rythme et je l'ai suivi. J'ai joué mon rythme pour le reste de la nuit. Je tambourinais tandis que la lune tournait. J'ai tambouriné et la lune a disparu derrière moi alors que le soleil se levait.

Soudain, tout le monde s'est levé du sable sans rien dire, sans perdre un mot. Tout le monde s'est secoué et est parti dormir un peu.

© article de blog invité par Marc Zeitschik